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26 septembre 2009 6 26 /09 /septembre /2009 22:30
Premiers jours de l'automne.

Un songe, ou quelque chose de flou.
Flou, comme l'inverse du mot vague.
La précision d'un rêve.

Des ombres comme des empreintes.
Les traces de ce qui n'est plus.
Ou l'inverse, exactement.
L'empreinte, bien réelle, ou le manque.

Noir.

(Giselle, I)




 

 



 



 





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12 mars 2009 4 12 /03 /mars /2009 08:26
Nicolas (& co) en répétition... 
Chose promise, etc...

Enjoy !

Et si vous avez la chance de voir cette oeuvre, racontez-nous...














Retrouvez ces images et davantage dans l'album :
NEUMEIER - MAHLER







 
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31 janvier 2009 6 31 /01 /janvier /2009 18:59
Nicolas ne cache pas son admiration pour le grand chorégraphe suédois Mats EK.
Moi non plus.

Chaque geste créé par Mats Ek fait sens. Tout est juste, fort, inspiré. Ancrés dans le sol ou tendus vers le vaste monde, ses ballets nous ramènent à l'essentiel : le genre humain. Avec toute sa force fragile, et toutes ses zones d'ombres.

Avoir la chance d'observer Mats Ek au travail - et les danseurs qui le servent avec un talent proche de la dévotion - a été l'une des expériences les plus troublantes que j'ai connues.

Il en reste, comme toujours, quelques images.

A voir dans l'album : Mats Ek.



Nicolas has always been very clear about the Swedish choreographer Mats Ek, about how much he admires him.
So do I. 

Every gesture created by Mats Ek is highly significant. Everything is accurate, strong, inspired. Anchored in the earth or stretched towards the wide world, his creations bring us back to the essence : human being. With his fragile srength, and all his dark sides.

Being lucky enough to observe Mats Ek at work - with these dancers who serve him with an incredible talent and full dedication - has been of of the most amazing experience I ever had.

As usual, there are a few images left.

To be seen in the album :
Mats Ek. 

• 











Nicolas Le Riche
Nolwenn Daniel
Miteki Kudo
Benjamin Pech
Marie-Agnès Gillot. 



 
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26 janvier 2009 1 26 /01 /janvier /2009 13:24
Comment évoquer la danse sans la musique ?

Je dis toujours aussi que j'associe des musiques à mes photographies. Toujours.

Aujourd'hui je vais vous parler de musique, donc, de Mr Oiseau, c'est ainsi que j'aime le nommer, de son vrai-faux nom (nom de scène en tout cas) : Andrew Bird.

J'ai déjà distillé ses musiques ici et là sur ce blog.
J'ai offert son dernier CD à Nicolas.

C'est un homme étrange : beau comme un dandy décalé du XXième siècle, il a appris à jouer du violon à l'âge de 4 ans. Formation classique au conservatoire, donc, puis recherches, expériences... En une petite dizaine d'albums, il s'est créé un son, un univers, à mi-chemin entre le songe et la réalité. Aujourd'hui il compose, chante, siffle (!), joue du violon, de la guitare... Lors de ses concerts la scène peut parfois ressembler à un cabinet de curiosités.

Voilà. C'est Andrew Bird. A découvrir d'urgence...

Son prochain concert aura lieu à Carnegie Hall, NY, NY ce 28 janvier. Il est complet, les places se sont vendues en 24 heures. Le jeune homme a 35 ans.

En images, c'est ICI

Avec le son, c'est ci-dessous : ...

Enjoy ! ;-)



 





 
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11 janvier 2009 7 11 /01 /janvier /2009 00:07

© Hugo Pratt

 
BIS REPETITA :Je me souviens des "femmes de Corto". Un album sublime de Hugo Pratt, qui recensait toutes les héroïnes qui traversent les aventures du marin solitaire.

"Les femmes de Nico", partie II :

Comme hier : certaines images figurent dans le livre. Je vous en propose des inédites. Des images de femmes, des images de danseuses. En solo, pour la plupart.

Les femmes de Nicolas, en somme, avec ou sans Nicolas. Hommage aux femmes (BIS) ;-)




 




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10 janvier 2009 6 10 /01 /janvier /2009 00:07

© Hugo Pratt

 
Je me souviens des "femmes de Corto". Un album sublime de Hugo Pratt, qui recensait toutes les héroïnes qui traversent les aventures du marin solitaire.

Alors voici les "femmes de Nico", ces danseuses qui arpentent les planches avec lui, pour le plus grand bonheur du public.

Toutes les étoiles : Sa femme, Claire-Marie Osta, la Lune de Caligula... Marie-Agnès Gillot,  Cathy dans Hurlevent ou l'Ombre dans Mirages... Aurélie Dupont, Laetitia Pujol, Agnes Letestu, Delphine Moussin, Emilie Cozette, Dorothée Gilbert. Et d'autres danseuses aussi : Eleonora Abbagnato, Muriel Zusperreguy, Nolwenn Daniel, Alice Renavand.

Une première partie aujourd'hui :



Il y a quelques images dans le livre.
Je vous en propose des inédites. Des images de femmes, des images de danseuses. En solo, pour la plupart.

Les femmes de Nicolas, en somme, avec ou sans Nicolas. Hommage aux femmes ;-)



En voir + dans :
ALBUM : "Femmes...I"








 




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28 décembre 2008 7 28 /12 /décembre /2008 19:07
Quel rapport , me direz-vous ? Tout, et puis rien. Tout se nourrit de tout.
J'ai trouvé des trésors dans mes malles, disais-je.



Fin 1994, je rentrais de New York. (J'y serai avec Nicolas en 2004, dix ans plus tard, et souvent entre-temps, mais peu importe). 1994, décembre. J'avais fait quelques photos, et j'avais fait imprimer à la hâte ces cartes de voeux à NY. Je les voulais kitsch, sur l'instant, elles l'étaient.
De retour à Paris, entre deux rendez-vous, je passe dans quelques librairies et me pose au Café de Flore. En haut. A l'époque, on fumait encore là-haut - ce détail a son importance -, parfois Luchini répétait son texte, Sonia Rykiel discutait avec sa fille, etc... Bref, Le Flore.
J'ai toujours aimé St Germain des prés, à cause de sa tradition littéraire, et la salle en haut du Flore, où les touristes n'osent pas se risquer, et où les rendez-vous professionnels se déroulent dans le calme et l'harmonie. Parfois je m'y rendais seule, je m'accordais ce moment là, avec des livres. Je me faisais une faveur. Une bulle, un trou dans l'espace-temps.

Cette histoire est vraie, bien sûr. Invraisemblable, mais vraie. Le Flore. J'avais acheté ce livre de photographies de Wim Wenders, des lieux vides chargés d'humanité, notamment Cooper Bedy en Australie, là où ont été tournées certaines scènes de "jusqu'au bout du monde". Je regardais ces images, et de même que parfois on a vaguement conscience d'un personnage flou, à l'arrière-plan, j'entendais une conversation, à ma gauche, sans vraiment l'écouter. Mon esprit, partagé entre mon livre et ces mots entendus, retenait : plusieurs personnes, accent étranger, Français remarquable, sujet : cinéma, les villes, les lieux. Bien.

C'est alors qu'une de ces voix a demandé "Pardon Mademoiselle, puis-je vous demander une cigarette ?". Il m'a fallu quelques instants pour réaliser que LA voix s'adressait à moi, pour sortir de ces images dans lesquelles je m'étais enfuie, pour tourner le visage et le regard vers la gauche, donc, et découvrir, charmant, Wim Wenders, en quête d'une cigarette.
Ce sont ces moments dans une vie où les pensées se bousculent et dansent presque, absurdes, drôles, enchantées : "Oh, M. Wenders, comme j'aimerais trouver les mots pour vous dire votre "Paris Texas", vos "ailes du désir", votre "jusqu'au bout du monde", pour vous remercier, pour vous faire sourire, vous voulez une cigarette, M. Wenders ? mais laissez-moi vous offrir le paquet, votre café, ma chemise, demandez-moi ce que vous voulez, vous m'avez tant donné, comme c'est drôle, j'ai vos images là dans les yeux et votre livre dans les mains et vos films dans le coeur, alors pourquoi, pourquoi, je sais que je ne vais rien oser vous dire ?" voilà, à peu près, ce qui se passe quand on est une gamine et qu'on a devant soi Wim Wenders, himself.
J'ai simplement dit "je vous en prie" en tendant mon paquet, puis mon briquet, ses gestes étaient lents et beaux tandis qu'il allumait sa cigarette, mais ils n'allaient pas durer éternellement, je lui ai dit juste ça, très vite, presque à voix basse : "Votre travail me touche tellement... Pardonnez-moi, je ne peux pas en parler maintenant."
Il a souri, a tiré avec un plaisir évident sur sa cigarette, a dit ces mots "il faut écrire quelque chose, vous avez un papier ?" J'ai regardé dans mon sac, je n'avais que cette carte de voeux stupide de NY, tant pis, je l'ai prise, je l'ai tendue. Il a regardé, a souri à nouveau, a demandé mon prénom, a écrit quelques mots. Ensuite il a conclu : "Merci pour la cigarette. J'aime beaucoup votre regard." Et sans me laisser le temps de répondre -il valait mieux - il s'est retourné vers ses complices, la conversation a repris, des voix, à nouveau. Ainsi s'est achevée ma première, et dernière entrevue avec Wim Wenders.


Inutile de vous dire que ce papier, je le croyais perdu, ad vitam eternam.
Dans une malle, il y a 4 jours, j'ai retrouvé le livre de photographies. J'ai pensé : "Tiens, il y a un mot à l'intérieur", j'ai écarté les pages et ce papier est tombé dans la poussière. Je l'ai ramassé et j'ai soufflé. Pfhhhhh... J'ai redécouvert ces mots, tracés par Wenders, le 18 décembre 1994. Et seulement maintenant, en 2008, je vois. Je vois l'aile de l'ange.

Après, je peux vous dire beaucoup de choses. Comme par exemple : quand je photographiais Nicolas sur les toits de New York, Wenders et Bruno Ganz n'étaient sans doute pas loin. Je peux dire ça, ou autre chose... Que Wim Wenders adore les "marchands de couleurs", ces échoppes à l'ancienne où l'on vend des pigments à Tokyo ou à Kyoto... Qu'il aime écrire le nom d'une couleur avec un crayon de cette couleur (je l'ai fait cent fois...) Que les ailes ne sont pas réservées aux anges... Que "La vérité des images" est un de mes livres favoris... Wenders y évoque cette "tendre violence" pour qualifier l'acte photographique... ou le geste selon Nicolas ?...etc...
Tout se nourrit de tout.









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27 décembre 2008 6 27 /12 /décembre /2008 21:56
La vie est curieuse.

En octobre 1995, je suis partie vivre à Tokyo. Un aller simple, une valise, et 2 malles qui suivaient par bateau.
Auparavant, j'avais mis dans une cave, dans d'autres malles et des tas de cartons, 10 ans de vie Parisienne, de 1985 à 1995. Drôle d'exercice. J'avais, déjà, des livres et des CDs qui remplissaient des bibliothèques, du sol au plafond, des carnets remplis de mots, des pages, des vestiges, des fragments et des traces. Pas facile de laisser presque tout. J'ai mis l'essentiel dans une cave, pourtant, et je suis partie, heureuse.
Il y a un mois, en novembre 2008 donc, le propriétaire de la cave m'a signifié la fin de mon bail : je devais tout vider. Me replonger dans 10 ans de vie, figés depuis 13 ans, et faire le tri, et choisir. Depuis 1995, je n'avais jamais regardé. J'y suis allée il y a trois jours : croyez-moi c'était émouvant, et étrange. J'ai fait vite, avant que la mélancolie s'empare de tout. J'ai encore trié, laissé, abandonné. J'ai retrouvé des trésors, aussi. J'ai regardé, et j'ai gardé.

Parmi tous ces cartons, il y avait deux magazines. Deux, pas davantage. Deux couvertures.
Elles se passent de commentaires.


Ou alors, ces remarques personnelles...

Sur la forme : j'aimais donc déjà ces titres en rouge, noir, et blanc, qui contiennent l'essentiel. Bruts.

Sur le fond : "Nijinsky, Clown de Dieu", c'est la dernière fois que j'ai vu danser Jorge Donn. La seule fois où je l'ai attendu. Il neigeait. Fort. La seule fois où je lui ai parlé. 



Dans un autre carton, il y avait des tickets de spectacle, dont celui là. Incroyable, je n'en avais aucun souvenir., je ne croyais pas l'avoir gardé. Regardez la date : 27 décembre 1990. 18 ans, jour pour jour, et c'était hier. Le visage de Jorge Donn sous la neige. Sa voix, fatiguée et touchante, dans la nuit. Un homme qui s'éloigne, mon regard s'accroche à ses épaules.




Noureev, je n'ai jamais eu la chance de le voir danser. C'est un regret éternel ; ça ne m'a pas empêché de le suivre, si loin, si proche, et de l'aimer. Et de partager ce chagrin-là. Janvier 1993, il y aura bientôt 16 ans.


Ces images sont signées de Colette Masson & Cecil Beaton. Deux grands photographes.

Alors, il y a 3 jours, fatiguée, bouleversée, les mains pleines de poussière, en train de passer de manière fulgurante sur 10 ans de vie mis en boite, j'ai réalisé  soudain à quel point cette passion de la danse était forte, vivante, omniprésente, et à quel point c'était vraiment étrange de n'avoir jamais pensé à lier dans une seule intention la danse et la photographie - deux passions finalement aussi intenses l'une que l'autre -. Rien, aucun lien, jusqu'à Nicolas. Il a fallu que je rencontre ce jeune homme là pour que la lumière se fasse. Il s'agit encore de termes de photographie : Déclenchement, sensibilité, révélateur. Le choc d'une rencontre comme un cadeau, comme une alchimie. Une évidence, puisqu'après, tout était naturel. Tout cet amour de la danse gisait là, dans mon inconscient, comme une matière sensible qui se tenait prête et n'attendait qu'un déclic - et pas n'importe lequel - pour être impressionnée, pour oser passer du stade d'image latente à celui d'image réelle : révélée.

Oui, la vie est curieuse. Merci Nicolas.





Life is funny.

In October 1995, I left Paris for Tokyo, I was going to live there. A one way ticket, a suitacse, and two trunks that would arrive by boat, 2 months later.
Before leaving, I had to pack 10 years of Parisian life - 1985 to 1995 - in trunks and boxes. A very bizarre exercice. At this stage of my life, I already had accumulated piles of books, CD's, booknotes, bits and pieces. It was not so easy to leave almost everything behind me. I put the most important things in a cellar, though, and I left. I was happy to do so.
One month ago, the owner of the cellar said that he wanted to get his space back : I had to empty the place. So, I was compelled to look at these 10 years, to choose what I would keep, to throw many things away. Since 1995, I never looked back. I went there 3 days ago, believe me it was very moving, and weird. I sorted things out quickly, before melancholy would cover everything. Once again, I classified, left away, and kept a few things with me. I found some treasures, completely forgotten for 13 years, until that night, 3 days ago. I looked at them. I kept them.

In all these boxes, there were 2 magazines covers. Only two.
No comment.

Or maybe this :
About the appearence : I already liked these pages in black, white and red. They say everything. Rough.
About the meaning : "Nijinsky, clown de Dieu", it's the last time when I saw Jorge Donn on a stage. The only time when I would wait for him. It was snowing, a lot of snow. It's the unique moment when I spoke to him.
In another box, there were many theatre tickets, including that one. I could not believe it. I did not know I still had it. Have a look at the date : 27th of December, 1990. 18 years ago, exactly. It was yesterday. Jorge Donn's face under the falling snow. His tired and moving voice in the night. A Man walking away, slowly, my eyes following his shoulders.
Noureev,  I never had the opportunity to see him on stage. It's an endless regret. It did not prevent me from following him from afar, so far away so close, and from loving him. And from sharing that grief. January 1993, almost sixteen years ago, already.

So, 3 days ago, my hands were full of dust, I was going with difficulties trough 10 years of my life, and I realized suddenly how deep, alive, persistent was this passion for dance, and how strange it was that I never thought about photographying dancers, about mixing two passions in a single gesture. Until Nicolas. It has been necessary for me to meet him to be enlightened. I can only speak with photographic terms : shutter release, developer, sensitivity. An encounter like a shock, or an alchemy, and like a present. Since, after that, everything was natural. This pure love of dance was lying there, in the subconscious part of my mind, like some sensitive material that would have wait for the right release to be impressed, to move from a latent image to a real one, at last, revealed.

Yes, life is funny. Thank you Nicolas.


• 


 
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22 décembre 2008 1 22 /12 /décembre /2008 10:39

PRENDRE

C'est une action.
ça procède d'une intention.
il y a une volonté.

Quand nous prenons, nous nous donnons aussi.
Chacun de nous se tient là, vivant, dans les images qu'il prend.

C'est un échange, quoi qu'on fasse.

Avec plus ou moins de retenue.
De l'approche à l'abandon.

En tout cas, personne ne triche. Voyez plutôt...



TAKING

It's an action.
There is an intention.
It's about will.

When we take, we give ourselves as well.
Everybody stands, alive, in the picture he or she takes.

It's an exchange, no matter how you do it.

With more or less reserve. 
From approach to abandon.

Anyway, nobody is cheating. Just have a look...












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18 décembre 2008 4 18 /12 /décembre /2008 20:39


 
























AMES FATALES

" Je suis cernée. J’ai encore dans la tête, et sous la peau, les frissons de tes « Little Girls ».  Elles m’entourent et forment une ronde étrange, infernale et charmante. Tu as ouvert la porte de cet univers où je me perds et me retrouve, du songe au souvenir, de l’interrogation à l’imagination. J’ai cru franchir une porte et j’étais bien naïve. C’était un sas, un passage dans ce monde-là. Ton monde, dévoilé, et voilé. Dans cette galerie, J’ai observé le temps, ralenti ou dilaté, je ne sais plus. J’ai vu le regard de l’enfant, droit et sincère, forcément. Sans contrainte et sans artifice. A l’aube de la photographie, ces enfants-là n’ont pas eu peur qu’on leur vole leur âme, bien au contraire, ils l’ont donnée, en un instant. Volontaires… Oui tes petites filles sont volontaires, elles crient en silence, elles affirment aussi, entre deux questionnements. Ce sont des âmes fatales. Et de ces fragments d’âme, bien au-delà d’une simple photographie, tu as fait un labyrinthe, tu nous as emmenés dans des dédales luxuriants ou naïfs, intimistes ou sonores.

Qui étaient-elles ? Celles qu’elles sont devenues sous tes doigts, et dans ces mots inscrits par l’homme qui écrit, et par tes mains qui tracent : des icônes fragiles, étonnamment vivantes. Bien sûr les mots sont beaux à regarder, et l’encre aussi, et la matière, dedans, dessus, partout, mélangée, vivante, et unique.  Redonner corps, et âme, voilà ce que tu as fait dans cette œuvre d’envergure que sont tes cinquante et quelques toiles. Cinq années, un fragment de vie, encore. (Tiens, un écho ? je souris… mais revenons à toi.) Elles ont tout dans les yeux, tes « Little Girls » : les rêves candides, les questions décisives,  la trop humaine mélancolie, les peurs - et pas celles de l’enfance - , et la gaieté innocente, aussi. La joie et la détresse d’une vie, la nécessité d’un sourire, l’allégresse d’un instant et la merveilleuse inutilité de l’instant d’après. Elles ne servent à rien, ces petites filles, fort heureusement. Elles sont tes complices et tes messagères, tes orphelines aussi, elles sont déjà hors du temps, entre le miroir et toi, va savoir pourquoi dans le miroir j’entends aussi des mots. Ou des soupirs. Tu as pris les débuts et les fins, la gravité dans les deux sens, tu as tout secoué avec une insolence délicieuse, tu te joues de tout, décidément, Candida, aurais-tu choisi ton prénom ? Et pourtant… il y a, à côté de la peur et de l’abîme, tellement de tendre ardeur dans ces petites filles, aussi, des pâquerettes au cœur rouge et des feuillages dorés, des volutes et des chuchotements, autant de mystères que de vies, la tienne la mienne la leur, c’est tous et chacun qui se reflètent au fond de ces yeux-là. Je me suis promenée avec toi entre ces petites filles, c’était bon, c’était doux, j’aurais presque pu te donner la main.

Après, par je ne sais quelle alchimie, nous avons parlé de nous, enfants. Tu t’en souviens ? Comme c’est drôle… Tu m’as décrit la petite fille que tu étais, et j’ai fait de même. Nous avons parlé copines, cartables et grosses lunettes, raie au milieu et enfants sages, bohème et vie d’artiste, premiers rangs, tableau noir, cadre et hors cadre. Nous parlions librement en apparence. Crois-tu ? Ensorcelées, en réalité. Parce que, entre les débuts et les fins, donc, tu te tiens au milieu, humble et immense : c’est toi l’ensorceleuse. Celle qui nous ramène à l’essentiel, celle qui mène la danse de ce ballet étrange qu’est une vie, une chorégraphie unique et imparfaite, une représentation qui n’est donnée qu’une fois. C’est bien là l’absurdité de notre condition, et tes petites filles me le chuchotent, et tu les regardes me parler. Qui est vivant ? Qui est mort ? Pour combien de temps ? Quoi de plus important, au fond, dans une vie, qu’une pâquerette au cœur rouge, qui n’a de réalité que dans nos rêves ? Dire l’essentiel avec une apparente simplicité… des fleurs des feuilles des branches des visages et quelques mots… Pas de doute, c’est tout un art.

Et caressant, en plus… Parce que… en vérité, je ressens le besoin de les revoir, tes petites filles. Elles m’obsèdent et m’enchantent. Elles m’accompagnent, il me semble les avoir rencontrées, et toi avec elles. Tu sais, au sortir de ce chemin halluciné, je suis comme les roses de « Tu rêvais qu’on te couvre de fleurs » : j’ai la tête à l’envers ; et les jambes dans le ciel, je crois battre fébrilement  la mesure de  ta musique singulière, selon un rythme mystérieux, le sursaut imperceptible de ces cœurs pas vraiment éteints. Des battements de vie dans un ciel délavé. Ah, la couleur de ce ciel-là, un bleu cyan tendre et mélancolique à la fois, transparent comme un frémissement promis et triste comme un souvenir qui s’évanouit, oui, ce bleu-là, comment l’as tu trouvé ? Comme le reste, sans doute. A l’intérieur.

Merci." 


••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••••

NB : Vous pourriez vous dire : quel rapport avec Nicolas ? Rien, et puis tout. Justement. Parce que la vie n’est faite que de rencontres, d’émotions à donner et à recevoir, parce que je suis ce que ces rencontres me font, parce que si je photographiais Nicolas demain ce serait peut-être avec les yeux d’une de ces petites filles. Parce que la vie est ainsi. Ou parce que je la veux ainsi.

  





















"Little Girls" / Candida Romero

Textes de Pierre-Jean Rémy, de l'Académie Française.


Galerie Azzedine Alaïa
18 rue de la Verrerie
75004 Paris

10h30 - 19h, jusqu'au 24 décembre 2008. 





 

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Commencements • Start

  • : NICOLAS LE RICHE • LE livre • THE book
  • : Au départ ce bulletin accompagnait une création, celle du livre NICOLAS LE RICHE, paru le 2 octobre 2008. "NICOLAS LE RICHE" : un voyage photographique, inscrit sur près de 6 années par Anne Deniau. Le catalogue raisonné, ou plutôt le catalogue déraisonné, de Nicolas. Au fil du temps, cette page a continué d'exister, d'accompagner Nicolas Le Riche en images... • VERSION FRANCAISE • ENGLISH VERSION • index(s) 3 jan 2009
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